"Prions !"

(David Brown, coordinateur du réseau Revitalisation d’Églises du European Leadership Forum)

Quelle est la différence entre le processus de revitalisation d’une Église et les modèles de gestion du changement proposés pour une entreprise ? À bien des égards, il existe de grandes similitudes, car il s'agit de gérer le comportement d’êtres humains dans toute leur complexité, avec leurs péchés et leur potentiel. En fait, les Églises qui se sont engagés dans un processus de revitalisation n'empruntent pas des pratiques « du monde ». Au contraire ces pratiques s’inspirent plutôt du christianisme !

Et pourtant... il y a une grande différence ! Puisque nous savons qu'il y a aussi une dimension spirituelle, nous ne devons jamais oublier notre dépendance à l'égard de Dieu et la nécessité de son intervention. En un mot, nous devons PRIER !

La culture populaire a promu le mythe du super-héros, tel que Batman, Captain Marvel, Iron Man, Superman, Wonder Woman… On observe également une tendance à chercher l’homme providentiel dans l'arène politique, quelqu'un qui résoudra les problèmes du monde (mais qui, en fait, en crée de nouveaux…).
 
Mais Jésus enseigne une autre voie : "Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles et que les grands les tiennent sous leur pouvoir. Ce ne sera pas le cas au milieu de vous, mais si quelqu’un veut être grand parmi vous, il sera votre serviteur » (Matthieu 20.6)
 
Nous avons besoin les uns des autres. Nous avons besoin des dons des uns et des autres. Et il y a deux façons de vivre cela en ce qui concerne la revitalisation de nos Églises : le travail d'équipe et le mentorat.

 

Comment faut-il vivre nos cultes en vue de la revitalisation de nos Églises ?     (David Brown)

 

Une Église en bonne santé est une communauté qui aide les chrétiens à grandir en tant que disciples. Comment nos cultes peuvent-ils y contribuer ? Actes 2.42 énumère plusieurs éléments pratiqués par l'Église primitive : ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. Mais faisons-nous tout cela lorsque l'ensemble de l'église se réunit chaque dimanche ? 

Avons-nous besoin d’un changement de paradigme en ce qui concerne nos cultes en vue de revitaliser nos Églises ?

En général, nos églises assurent un temps de louange et d'enseignement biblique. Mais je crois qu’il faut prévoir deux autres composantes lorsque tous les membres de l'église sont réunis, à savoir

        •           Un enseignement pratique sur la vie de disciple dans le contexte contemporain
        •           La prière les uns pour les autres en tant qu’Église dispersée au cours de la semaine suivante.

Cela est-il admissible ? Qu'enseigne en fait le Nouveau Testament à propos de ce que l’on appelle « un culte » aujourd’hui ? Voici deux pistes de réflexion à cet égard.

La revitalisation d'une Église implique nécessairement des changements. Or, selon les recherches, dans n'importe quelle branche de l'activité humaine (et l'Église ne fait pas exception), la peur du changement découle principalement de ce que l'on appelle "l'aversion aux pertes".

Ce phénomène est expliqué en détail dans le best-seller international écrit par Daniel Kahneman Système 1 / Système 2 : les deux vitesses de la pensée, dans lequel il démontre que "les pertes ont plus d’importance que les gains". Il semble que la douleur de la perte est psychologiquement deux fois plus forte que le plaisir du gain. Les gens sont plus disposés à se battre pour éviter une perte que pour réaliser un gain. Voici un exemple typique cité dans le livre.

 On vous propose de parier à l’aide d'une pièce de monnaie. Si la pièce indique pile, vous perdez 100 dollars. Si la pièce est face, vous gagnez 150 $. L'accepteriez-vous ?

 Les données expérimentales montrent que pratiquement tout le monde refuserait. La peur de perdre est plus intense que l'espoir de gagner.

 Dans une Église, les gens sont habitués à faire les choses d'une certaine manière et craignent souvent les nouvelles idées,

Le concept d’implantation d’Églises a le vent en poupe. Un autre commence à se faire connaître en parallèle :  la revitalisation.

Le principe de la revitalisation est assez simple et le mot plutôt bien trouvé. L’idée est de permettre à une Église qui est tombée dans un fonctionnement routinier d’en sortir. Pasteur à Valence, Jean-Pierre Civelli est président de l’équipe Vitalité, le département « revitalisation » de l’Union des Églises libres. Il recourt à une image pour illustrer son propos : « L’Église est un organisme vivant. Quand un arbre ne grandit pas, c’est qu’il lui manque quelque chose ». Fort de cette prise de conscience, la communauté concernée va chercher un nouveau souffle. Il est alors possible de se demander quelle différence il peut y avoir entre les notions de réveil et de revitalisation.

David Brown, qui réfléchit sur ce sujet dans le cadre du European Leadership Forum (ELF) depuis 2015, établit la distinction suivante : « Le premier concept ne concerne que la dimension spirituelle alors qu’une Église en bonne santé doit se préoccuper

Dans un monde où les méthodes d’évangélisation traditionnelles semblent être moins efficaces qu'auparavant, l'hospitalité au sens le plus large est devenue la clé pour rejoindre les non-chrétiens. Une enquête professionnelle réalisée en France pour le Conseil national des évangéliques français (CNEF) a révélé que 23% de la population aimerait parler avec un croyant autour d'un café ! Et que ce chiffre s’élève à 37% pour les 18-24 ans et atteint 49% en ce qui concerne les musulmans. J'ai remarqué d’ailleurs que plusieurs livres ont récemment été publiés sur ce sujet.

Dans le Nouveau Testament, il existe plusieurs encouragements à pratiquer l'hospitalité (Romains 12.13, 1 Tim 5.10, Hébreux 13.2, 1 Pierre 4.9) et Paul nous rappelle dans 1 Thessaloniciens 3.12 « Que le Seigneur fasse grandir et déborder l’amour que vous avez les uns pour les autres et pour tous les hommes ». Chaque chrétien peut être impliqué dans cela.

Les chrétiens ordinaires, dispersés en Judée et en Samarie après la lapidation d'Étienne, partageaient l'Évangile où qu'ils soient (Actes 8.1 à 4) et furent parmi les premiers à l'apporter aux non-juifs (Actes 11.19-21).

Hospitalité peut signifier sortir boire un verre dans un café ou inviter chez vous pour un café ou un simple repas.

La revitalisation implique le changement. Et cela présuppose la capacité de concevoir, de planifier et de mettre en œuvre un projet. Bien entendu, l’enseignement biblique sur les Églises s’applique à toutes les églises depuis le temps des apôtres. Mais votre projet de revitalisation ne concerne que votre église, à un moment donné, dans un contexte donné. Il ne s’agit pas d’une science exacte mais voici quelques principes qui pourraient être utiles à retenir.

  • Semer un sentiment d’insatisfaction constructive.
  • Réunir une équipe de pilotage validée par les responsables de l’Église.
  • Améliorer votre projet en écoutant les suggestions des autres, voire leurs critiques. Il existe toujours des raisons pour la réticence au changement. Il faut les comprendre et les prendre au sérieux. Cela peut augmenter les chances de réussite de votre projet.
  • Inviter quelqu’un de l’extérieur à s’adresser à l’église, soit un spécialiste soit quelqu’un qui peut témoigner de la manière dont il a vécu le changement.
  • Proposer une période d’essai de trois mois pour voir si ce changement marche.

(Phil Walter)

Il faut à tout prix garder une bonne santé spirituelle en tant que responsable, mais il n‘existe pas de solution miracle, facile à mettre en œuvre. Voici quelques domaines de notre vie : je vous invite à en faire l’évaluation en vous donnant une note entre 1 et 10 pour chaque aspect.

  • Est-ce que j’ai un mentor en qui j’ai confiance et qui va me parler en toute liberté en me posant des questions sur ma vie personnelle et mon ministère ?
  • Est-ce que je réserve du temps pour moi et du temps pour ma famille ?
  • Est-ce que j’ai un « sabbat » (temps de repos et de ressourcement) hebdomadaire ?
  • Est-ce que je chéris mon temps de prière comme relation entre moi et mon Père ?
  • Est-ce que je me donne à la prière et à la Parole (Actes 2.42 et 6.4) ?
  • Est-ce que je prends le temps pour étudier la Bible et pour lire tout genre de livres ?
  • Est-ce que j’accorde du temps de qualité à mon épouse ? Est-ce que j’ai une vie sexuelle qui me satisfait ?
  • Est-ce que j’ai des amis non-chrétiens ?
  • Est-ce que je fais assez d’exercice physique (sport, marche) ?
  • Est-ce que je dors suffisamment ?

La revitalisation : il n’y a pas de taille unique. (David Brown)

 

Une Église revitalisée est tout simplement une Église en bonne santé. Mais une Église peut perdre sa santé à des étapes différentes. Ce schéma indique quatre moments clés dans la vie d’une communauté.

 

Le premier moment clé peut surprendre : il s’agit d’une Église en pleine croissance. En effet on peut entrer très facilement dans une routine et ne pas prévoir l’étape suivante. Les membres de l’Église peuvent devenir nombrilistes et la manière d’évangéliser peut perdre de sa pertinence. Sans réflexion à cette étape, l’Église risque de plafonner.

 

L’importance des responsables dans le processus de revitalisation.

Le rôle des responsables est important dans toute organisation qui veut connaître le développement et la croissance. Au niveau des Églises on peut faire le même constat. Jésus a formé ses disciples et les a équipés avec le don du Saint-Esprit. Il en est de même quand il s’agit de la revitalisation des Églises. Mais de quoi avons-nous besoin pour nos Églises dans notre contexte européen aujourd’hui ? Il est facile de dire « de responsables visionnaires et qui assurent » mais en pratique il n’est pas aussi facile de le vivre. Je vous propose trois pistes concrètes.

D‘abord, il faut reconnaître qu’il y a un problème et chercher entre responsables ce qu’il convient de faire. Est-ce que les responsables partagent les mêmes « valeurs » ? Est-ce que l’un des responsables fait blocage aux autres ?

Qu’est-ce qu’une église en bonne santé ?

Dans Actes 2.42-47 nous avons un aperçu de la santé de l’église primitive. Mais cette santé s’est dégradée assez rapidement alors que l’Église continuait à grandir. L’apôtre Paul a été obligé d’écrire aux Églises pour les exhorter, parfois de façon assez dure, parce qu’elles permettaient à des traditions non bibliques d’impacter la communauté de façon négative. Mais qu’est-ce qu’une Église en bonne santé au 21e siècle ? S’agit-il de la taille de l’Église, ou de sa composition ou de son emplacement ? S’agit-il d’une église intergénérationnelle ? Est-ce que le style de musique est un critère important ? Faut-il un pasteur à plein temps ? Tous ces éléments ont leur importance mais ne définissent pas en soi une Église en bonne santé.